L’Inde de tous les contrastes (par Roger)
Le Gujarat est une province économiquement développée, tout en conservant les disparités bien connues dans le pays. Située au sud du Rajasthan, elle se différencie par l’absence totale de touristes. Nous les avons comptés sur les doigts d’une seule main!
En ce début d‘été, la chaleur est intense, entre 42 et 45 degrés. Chacun d’entre nous consomme au moins 4 litres d’eau par jour (d’autant plus que l’alcool est interdit…). Cela ne nous empêche pas de vivre une aventure extraordinaire. Nous avons, par exemple, monté et redescendu 7 000 marches pour visiter des temples jains, situés en haut d’une colline. A l’heure où je vous écris, soit 48 heures après l’ascension, les jambes de Danièle et de Ginou,. ma belle sœur, sont toujours totalement tétanisées. Les déesses n’ont pas fait de miracle, même après une cérémonie à Somnath, où la foule était en transe sous les effets des tambours, trompettes et la magie de l’encens.
La visite des villages traditionnels à la tombée de la nuit nous a totalement émerveillés : l’accueil n’y a pas son pareil. Le fait de ne jamais rencontrer de touristes créé une franche curiosité. Nous nous retrouvons 300 ans en arrière. Vous n’avez là qu’une impression de touriste, et l’éternelle question revient alors : le bonheur existe-t-il au milieu de cette misère? Au Gujarat, il n’y a pas beaucoup de bidonville, mais la pauvreté est partout pour 90 % de la population
Nous quittons à l’instant le palais d’un ancien Maharaja, où la splendeur des années 50 a laissé sa place à la décadence. Il ne reste plus que les tapis en peau et tête de lion pour nous rappeler le faste et l’arrogance de l’époque. Aujourd’hui, le temps s’est arrêté, sauf la chasse d’eau du maharaja, qui m’a permis de soulager les effets de la courante…
Cette région est surtout celle qui a vu naitre Gandhi. Il est émouvant de voir le rouet avec lequel il apprenait à la population à filer le coton, pour tisser leurs propres vêtements, pour survivre. C’est impressionnant de retrouver sur la même photo Gandhi, Jinnah et Nehru, les 3 hommes qui ont scellé la partition de l’Inde et du Pakistan.
Ces contrastes font de l’Inde, et surtout de cette région restée naturelle, un pays d’accueil, où le sourire de ses habitants peut être plus fort que la misère.
Roger